Leonhard Euler naît le 15 avril 1707 en Suisse à Bâle.

Au début du XVIII e siècle, la communauté scientifique vit une évolution extraordinaire.

En Europe, les savants débattent des théories révolutionnaires de Newton, des propositions innovantes de Leibniz, étudient les développements du calcul infinitésimal qui vont permettre l'épanouissement de l'analyse.

Jusqu'au milieu du XVII e siècle, les travaux scientifiques font l'objet d'échanges épistolaires entre savants éclairés. Dans toute l'Europe s'installe alors l'idée de « pensionner » les chercheurs scientifiques. Ces derniers pourraient ainsi consacrer plus de temps à leurs travaux et en réaliser la publication. Alors le nombre de chaires universitaires augmente. Les cercles de scientifiques, généralement dépendants d'un mécène ou d'une grande personnalité politique, se multiplient. Les académies s’imposent : elles réunissent d’éminents savants qui ont pour tâche de promouvoir les sciences en publiant régulièrement les comptes rendus de leurs séances et les résultats de leurs travaux dans des revues spécialisées. Dans cette effervescence, les échanges se multiplient, la communication est facilitée, les sciences se partagent. Toute académie contribue au rayonnement des chercheurs et de son mécène.

En 1720, Leonhard Euler a 13 ans et entre à l'université de Bâle pour suivre avec succès une formation en philosophie et en théologie. Parallèlement, il s'intéresse aux sciences et devient disciple de Jean Bernoulli, mathématicien très respecté. Il participe aux travaux de la communauté scientifique avec enthousiasme et très vite son nom est associé à plusieurs recherches. Dans ce contexte, Euler va pouvoir faire partager sa passion pour les mathématiques et leurs applications . En 1727, il n'a pas encore 20 ans que déjà sa renommée est grande et son génie reconnu. Recommandé par ses amis mathématiciens Nicolas et Daniel Bernoulli, il est invité à participer aux travaux de l'Académie de Russie fondée par Pierre le Grand.

Il restera académicien toute sa vie : de 1727 à 1741 à Saint-Pétersbourg, puis appelé par Frédéric II de 1741 à 1766 à Berlin,à la prestigieuse Académie Royale des Sciences et des Belles Lettres de Prusse,enfin de 1766 à 1783 à Saint-Pétersbourg, rappelé par Catherine II à l'Académie des Sciences de Russie.

 

Leonhard Euler illumine le monde scientifique de ses travaux. Avec sérénité et intelligence, muni d'une prodigieuse mémoire, il aborde sans relâche toutes les questions savantes. Aucun domaine des mathématiques – algèbre, géométrie, analyse – ne lui échappe.

Il est tout aussi remarquable dans les applications scientifiques comme l'astronomie, la physique ou encore dans l'art de l'ingénieur. Pour mesurer l'étendue de ses travaux, il suffit de parcourir la table des matières de ses œuvres complètes bien que tout ne soit pas encore disponible. C'est sans aucun doute le savant le plus prolifique de son temps. Sa correspondance avec les grands scientifiques de son époque est très importante. On a peine à concevoir comment un seul homme a pu accomplir un tel ouvrage.

Son nom est attaché à plusieurs découvertes, à une multitude de lemmes, de théorèmes,   de propriétés remarquables et de formules. Une clarté mathématique dans les commentaires et les démonstrations rend ses écrits accessibles. Les raisonnements soutenus par un mode de réflexion sans faille et l'invention de notations qui facilitent l'entendement comme par exemple : f(x), sin, cos, tg, le nombre e,font de ses œuvres des monuments mathématiques lus encore de nos jours.

Leonhard Euler a certes du génie, mais de plus il est doté d'un sens pédagogique exceptionnel. S'il conduit inlassablement pendant près de 60 ans ses travaux, publie mémoire sur mémoire, c'est pour partager le plaisir des sciences.

Le 18 septembre 1783, Leonhard Euler, âgé de 76 ans, l'esprit vif et cohérent, s'amusa de quelques raisonnements et calculs, puis parla de la planète d'Herschel et des calculs qui en déterminent l'orbite. Entouré des siens, il plaisantait avec l'un de ses petits-fils, lorsque d'un seul coup, pris d ’un malaise,il s'exclama «je meurs» et perdit conscience. Comme le dira Condorcet (Eloge de Leonhard Euler) : «Il cessa de calculer et de vivre». Ce dernier jour fut à l'image de toute une vie. L'Académie royale de Saint-Pétersbourg perdit son plus vieux savant.

ANNE-MARIE NAUDY